Une trentaine de parents a assisté à la pause parents organisée par l'APEL sur le thème des réseaux sociaux à l'école Notre Dame. Une pause parents rendue possible grâce à notre opération « Chocolat de Pâques » qui avait remporté un vif succès.
M Joseph, qui est intervenu dans toutes les classes de CM1 et CM2 à la demande de l'APEL et de l'équipe enseignante, travaille pour l'association EMA. Voici une synthèse de ses propos.
Définition du réseau social :
Connecter via un lien des personnes virtuelles.
Pour M Joseph il est plus important de chercher à comprendre plutôt que de seulement contrôler. Les réseaux sont un élément important pour se sociabiliser. Si un jeune a 1000 amis sur Facebook cela veut dire pour ses paires qu'il est populaire.
Il rappelle que les réseaux sociaux permettent de connecter des gens entre eux de manière virtuelle. Il existe :
- des réseaux conversationnels comme Facebook, Twitter ou Google +, qui ont été créés à l'origine pour échanger.
- des réseaux sociaux d'images, tels que Youtube pour les vidéos, Instagram pour la photo ou Snapchat qui plaisent beaucoup aux jeunes car, ils ont un côté instantané qui permet de tout montrer tout le temps.
Les jeunes sont suréquipés : beaucoup ont une tablette, un ordinateur, des consoles... Ils sont connectés de plus en plus tôt, notamment parce que les élèves de primaires récupèrent les équipements anciens de leurs parents ou de leurs frères et sœurs plus grands.
M Joseph rappelle qu'une tablette connectée à Internet à la maison est l'équivalent d'un téléphone connecté, l'enfant peut faire les mêmes choses avec.
Un enfant qui a un téléphone doit être averti des dangers. L'âge auquel on peut en confier un dépend de la maturité de l'enfant et de sa capacité à respecter les règles de base.
L'identité numérique
- On a tous une identité dans la vie. On doit aussi avoir désormais une identité numérique.
- Une identité numérique permet de faire un lien technologique entre une entité réelle (une personne, une entreprise...) et une entité virtuelle. Avec tous les réseaux sociaux, l'identité numérique des jeunes prend beaucoup d'importance.
Cependant M Joseph attire l'attention des parents sur le fait qu'une identité numérique peut construire ou déconstruire des carrières professionnelles dans le futur.
Les employeurs aujourd'hui regardent les réseaux sociaux pour voir le profil du jeune qui postule pour un stage ou un emploi. Les jeunes ont tendance à mélanger vie privée et vie professionnelle sur les réseaux sociaux. Ils montrent qu'ils font la fête, leurs centres d'intérêts...
M Joseph conseille d'utiliser des pseudos pour les activités personnelles. Il rappelle qu'il faut construire son identité numérique intelligemment et surtout ne pas dire n'importe quoi sur les réseaux, car tout ce qui est publié sur Internet laisse des traces.
Les problèmes d'usage rencontrés
- Pas de distinction entre vie privée et vie publique. Il est possible de prendre son vrai nom mais alors il faut être conscient de ce que l'on peut faire ou pas. Réfléchir à ce que l'on va communiquer.
- Le droit à l'image : beaucoup ne comprennent pas ce que c'est ou n'en ont pas entendu parler.
Pour publier la photo d'une personne il faut avoir son accord et celui de ses deux parents si elle est mineure.
Si un mineur prend la photo et la publie sans accord, ses parents risquent une peine d'emprisonnement et une amende.
Par exemple, à Athis-Mons, des parents ont été condamnés à 1 an avec sursis et 25 000 euros d'amende, et le jeune a eu interdiction d'approcher un appareil connecté.
Les condamnations sont rares mais les sanctions sont alors très dures. (voir Article 226-8 code pénal).
- Le harcèlement : insulter est plus facile sur Internet. Mais même avec un pseudo il est possible de retrouver les auteurs de harcèlement grâce aux adresses IP. La loi ne fait de distinction entre le harcèlement virtuel ou non. Il faut toujours prendre les choses au sérieux même si c'est sur les réseaux sociaux. Souvent le harcèlement prend de l'ampleur parce que la victime garde le silence car elle a honte, elle peur de représailles, peur de ne pas être crue, ou bien veut se débrouiller seule.
Parmi les signes qui peuvent alerter : plus de réactions, moins joyeux, l’enfant n'aime plus ce qu'il aimait avant, peut avoir des variations d'humeur, ne voit plus ses amis, résignation...
M Joseph estime qu'il faut prévenir son enfant que s'il est témoin de choses qui lui semblent injuste il doit réagir en en parlant à un adulte car sinon il peut lui même être entraîné dans le processus et être considéré comme harceleur. Or, la répétition de moqueries peut conduire à la mort.
- Mauvais niveau de sécurité : 70% des enfants ne savent pas créer un mot de passe sécurisé utilisant des majuscules, des minuscules, des signes et des chiffres avec au moins 6 à 8 caractères.
- Plus de 60% des jeunes veulent paraître plus grands. Cela constitue un danger : avoir des conversations d'adulte mais aussi propositions d'adultes.
- Difficulté à faire la part des choses : souvent ils ont du mal à distinguer le vrai du faux car Internet propose quantité d'informations, des articles récupérés dans la presse traditionnelle et déformés... Il est important de leur apprendre à croiser les informations, vérifier les sources... Plus ils regardent de vidéos sur les complots, plus il va leur en être proposé, et plus ils seront convaincus que c'est vrai.
- Accepter trop facilement des inconnus dans ses amis : M Joseph conseille que les jeunes n'acceptent pas les amis de leurs amis de manière automatique, même si ils sont beaux ou si leurs messages semblent intéressants. N'accepter que les personnes qu'on a rencontrés dans la vraie vie.
Cependant c'est difficile pour les enfants car il y a une course au nombre de personnes qui suivent et aux ‘like’. Il faut dialoguer avec ses enfants et leur expliquer que les inconnus peuvent être aussi dangereux sur Internet que dans la vie réelle.
- Trop de temps passé devant les écrans : un élève de CM1 ou de CM2 ne devrait pas passer plus de 45 mn en continue devant un écran (téléphone, TV, tablette, ordinateur...) car cela abîme la rétine. De plus la lumière bleue diffusée par ces écrans joue sur la concentration, donne des maux de tête...
M Joseph affirme que 5mn passées devant un écran le soir correspond à 15 min supplémentaires pour s'endormir.
- Des âges minimum qui ne sont pas respectés : il faut vérifier les âges PEGI indiqué sur les jeux et applications : 3ans, 7 ans, 12 ans, 16 ans ou 18 ans.
90% des garçons de CM2 jouent par exemple à Fortnite alors qu'il est classé interdit au moins de 12 ans.
La Règle des 3 A
M Joseph propose d'appliquer les trois principes suivants :
- Autorégulation : Je joue mais je décide du temps que je vais consacrer au jeu. Sinon ils sont capable de jouer 6h d'affilées. Les classes de primaires sont très touchées : les enfants regardent d'autres personnes qui jouent très longtemps. Il faut décider d'un créneau. Si un enfant joue 6h, il ne faudra pas lui imposer 1h, mais baisser régulièrement le temps jusqu'à arriver à un temps acceptable pour son âge.
- Alternance : Lui proposer d'autres activités pour ne pas passer tout le week-end sur des écrans.
- Accompagnement : Jouer avec l'enfant et lui demander d'expliquer le jeu et choisir avec lui.
Les applications appréciées par les jeunes actuellement
- Musically chez les filles de CM1 et CM2 : permet de se filmer en chantant et de réaliser un petit clip avec une chorégraphie. L'enfant choisit sa musique, crée un clip et décide sur quel réseau il veut le partager. Donc à l'origine, ce n'est pas dangereux.
Mais M Joseph constate que le système pousse l'enfant à choisir des textes sulfureux et très explicites. Les jeunes filles essaient alors d'être le plus sexy possible.
- Périscope : donne la possibilité de faire de la vidéo diffusée en direct. Les gens qui se connectent sur un compte voient en live tout ce que fait la personne. Cela peut être formidable mais peut aussi détourné.
Une jeune fille (Océane) a ouvert un compte et a expliqué tout ce qu'elle a subi dans sa vie pendant plusieurs heures. Beaucoup de personnes se sont connectées à sa vidéo, et un certain nombre lui ont dit de se suicider. Elle l'a finalement fait en direct en se jetant sous un train...
- Fortnite : C'est un jeu pour les plus de 12 ans car les traces de sang ont été supprimées. Il se joue en ligne en multi joueurs. Les parents ne s'inquiètent pas trop c ce n'est pas GTA. Cependant il y a un mode ouvert où ils peuvent discuter avec tout le monde et avec des achats intégrés pour avoir une meilleure arme par exemple.
Certains enfants sont exclus des groupes car ils ne jouent pas à ce jeu. Cela peut devenir un élément d'intégration ou d'exclusion sociale.
- Le défi de la baleine Bleue : M Joseph a eu des questions sur ce jeu à l'école Notre Dame par les classes de CM1 et CM2. C'est la première fois qu'il en entendait parler.
Ce jeu est relativement inquiétant car il y a aurait eu plusieurs morts en Russie. Cependant il trouve que les enfants avaient des questions pertinentes, et se posaient la question du bien-fondé de ce jeu.
Globalement, Il y a 50 épreuves à remplir, la cinquantième étant de se donner la mort. Le parrain qui impose ces défis (très simple au départ) peut menacer de s'en prendre à la famille du jeune s’il veut arrêter. C'est une nouvelle forme de harcèlement.
Conseils pratiques pour toute la famille
- Pas de Facebook ou Twitter ou autre réseau social avant 13 ans.
- Se déconnecter quand on quitte son compte surtout quand on est sur un ordinateur utilisé par d'autres personnes.
- Privilégier la qualité des amis plutôt que la quantité.
- Sensibilisation sur les vidéos et les photos qui pourraient être gênantes aujourd'hui mais aussi dans l'avenir.
- Si une photo ou une vidéo est publiée sans autorisation, on peut demander de la retirer et si ce n'est pas fait, on peut se tourner vers la CNIL ou la police.
- Faire attention aux applications qui demandent des informations personnelles.
- L'enfant est responsable des commentaires et critiques de ses lecteurs donc ils doivent les modérer.
- Faire attention aux traces qui restent des dizaines d'années sur internet
- Attention aux personnes mal intentionnées qui se font passer pour des mineurs.
Ressources pour aller plus loin